Mon guide touristique des hôpitaux de la région Part 2

Arriva le jour de mon rendez-vous chez le professeur H! Deux rendez-vous successifs d’une demi-heure « ça ne durera que la matinée madame ! » m’avait-on assuré…
Moi j’aurai plutôt dit : « Bienvenue aux Journées du Patrimoine : Aujourd’hui visite en long et en large des cliniques SL ».

J’avoue, je m’attendais à un peu de retard… car d’après mon expérience, un hôpital sans aucun retard, c’est louche! Ca ne peut vouloir dire qu’une seule chose : la facture sera deux fois plus salée qu’ailleurs !

Mais là sur le coup, j’ai tendance à me dire qu’ils battent tous les records : Arrivée à 10h, je suis repartie à …17h!

Fille prévoyante, j’avais pris… 1 magazine! Autant vous dire que j’ai pu aller me recharger plusieurs fois au cours de la journée au rayon librairie de la petite boutique! (Car ce n’est pas avec les trois revues datant de 1997 de la salle d’attente que j’aurai passé mon temps!).

D’ailleurs, je suis persuadée que ce genre de magasin doit avoir une fameuse recette en fin de journée (mais curieusement je n’ai jamais entendu un braquage de boutique d’hôpital…). Car après avoir observé les plafonds, les murs, chaque prospectus (j’en sais plus sur la maladie d’Alzheimer et de Crohn que n’importe qui d’autre) et inspecté les toilettes, l’ennui gagne. Après avoir étendu sa visite au couloir puis au service d’à côté, ne reste plus que la petite boutique ! Et sur une loooooongue journée d’attente, surtout en été, il est tentant de s’y rendre plusieurs fois ! J’ai faim, j’ai soif, j’ai envie de lire, tiens je vais visiter le rayon cadeau, ah un petit sandwiche, un petit dessert, encore un petit magazine pour la route…  Bref, à la fin vos petites expéditions vous auront coûté trois fois le prix de la visite médicale!

Fort heureusement, les GSM ne sont pas interdits à cet étage… enfin je crois… en tout cas on ne m’a pas fait de remarque! (Manquerait plus que je dérègle le pacemaker d’une gentille petite vieille!)

Finalement après des heures, je suis amenée dans le bureau du professeur H pour y rencontrer… une assistante. « Permettez-vous que je vous examine, madame ? »
« Mais bien sûr docteur ! Euh, vous êtes bien docteur, n’est-ce pas ? »
« Oui, oui rassurez-vous le professeur H. va arriver d’une minute à l’autre »
En effet, elle entre à son tour, demande à me réexaminer (la confiance règne ici) puis me parle de ses craintes quant au fait que les Ehlers-Danlos ont tendance à avoir le col de l’utérus qui s’ouvre sans prévenir et que donc elle me suggère de faire un cerclage. Moi, confiante (on m’avait expliqué en deux mots : on met « juste » un fil autour du col) : « Pas de soucis, on fait cela maintenant ? »
Et là devant moi deux visages ébahis. « Ah non, madame, c’est vrai que c’est une toute petite opération mais cela se fait quand même sous péridurale ! On va prendre un rendez-vous pour le faire en urgence »

Là, pour le coup, c’est moi qui ait changé de tête répétant blême « Péridurale… »

Car pour l’instant (j’insiste sur le « pour l’instant »), l’accouchement en soi ne me fait pas trop peur par contre les deux choses qui me paniquent réellement sont : l’épisiotomie (dû à une super copine qui m’avait expliqué il y a des années avoir été tellement traumatisée qu’elle n’avait pas réussi à faire l’amour avant… 1 an ! ) et…. La péridurale !

Comme déjà mentionné, j’ai une phobie monstre des aiguilles et j’ai déjà vu la taille de celle de la péri, c’est toutes les autres multipliées par 10 000 (au moins !)
Et vu le regard qu’elles m’ont jeté toutes deux quand j’ai demandé innocemment s’il n’y a pas moyen de le faire sans anesthésie, j’en ai déduis que non! Ca y est je suis fichue, je n’y couperai pas ! Et dire que ma sage-femme pensait avoir encore 5 mois devant elle pour me préparer…

Le rendez-vous est fixé dans 7 jours, mais je suis certaine que mon cœur lâchera d’ici là…

Mon guide touristique des hôpitaux de la région Part 1 (je suis prévoyante)

J’ai toujours eu la chance d’éviter soigneusement les multiples passages aux urgences ou chez le médecin dans ma courte vie jusqu’il y a trois ans. A cette époque, j’ai développé des symptômes assez curieux qui m’ont amenée à courir les divers grands hôpitaux de mon pays m’amenant d’un professeur spécialiste à un autre quand finalement ils trouvèrent le mal dont je souffrais! Bien évidemment, comme je ne fais pas les choses à moitié il a fallut que ce soit une maladie assez rare! Mais par chance, cette maladie n’étant pas grave, je ne dû subir aucunement de tests traumatisants, seulement encore et encore les même questions à chaque rendez-vous (on se demande d’ailleurs pourquoi les docs font des rapports si le suivant n’est pas capable de le lire). Enfin bref, le diagnostic établit je pensais avoir un peu de répit… jusqu’à ce que je tombe enceinte! Car je ne sais pas qui a été pondre que la grossesse c’était MER-VEI-LLEUX, mais si vous me le trouvez, j’ai deux mots à lui dire!

Donc, à peine avais-je découvert qu’un petit être grandissait en moi, qu’il m’arriva la première frayeur… des pertes de sang! N’écoutant que ma panique (j’étais seule chez moi à l’époque et bien sûr il était 23h), je pris ma voiture direction les urgences les plus proches où je fus très bien accueillie par les urgentistes et… beaucoup moins par l’obstétricienne de garde, sans doute réveillée pour l’occasion, qui m’engueula tout bonnement pour être venue pour de simples saignements! « Les saignements sont normaux durant la grossesse (ah bon, c’est pas ce que disent mes bouquins pourtant!), pas la peine de débarquer toutes les trois heures aux urgences! » Cela m’avait tellement choquée sur le moment que je m’étais excusée! Et ce fut seulement en rentrant chez moi que je me posai la question de savoir pourquoi cette dernière avait choisi l’obstétrique si elle n’était pas capable de rassurer une future maman stressée…

Soit, après ce petit incident, je me préparai à vivre une grossesse des plus sereines… C’était sans compter cette énorme poisse qui me colle à la peau comme une sœur siamoise depuis des années!

Quelques semaines plus tard, le futur papa décida tout bonnement et simplement de partir en courant le plus loin possible de nous deux. Un coup dur (euh même un violent coup circulaire je vous l’accorde), soit! Je n’allais pas me laisser démonter…

Depuis le début je passais la moitié de mon temps à courir aux toilettes et manquer de tourner de l’œil à la moindre occasion, mais…. soit! Je n’allais pas me laisser démonter par cela non plus….

Le coup de grâce arriva lorsque je me rendis à une consultation dûment méritée (9 mois d’attente quand même, pour un rendez-vous… urgent!) chez le spécialiste de ma maladie, le docteur M. fort bien sympathique d’ailleurs (comme quoi c’est pas incompatible chez un médecin) qui au bout de 5 minutes au cours desquelles il avait fixé intensément mon ventre me demanda de lui confirmer que j’étais bien enceinte. Changement de tête (ce qu’on REDOUTE toujours de voir chez un médecin). » Bon ben écoutez, nous devons faire une biopsie, et comme vous êtes enceinte, on va la faire aujourd’hui, hein ma petite dame! Et ne vous inquiétez pas, mais je vous classe grossesse à risque, allez prendre rendez-vous tout de suite chez le professeur H! Elle doit vous voir car les SED comme vous ont un risque élevé de fausse couche tardive »
Suivi de très près d’un: « Ca va ma p’tite dame? Vous êtes toute blanche, ne vous tracassez pas hein, c’est pas bien grave! »

Pas bien grave? Ah bon… Mais à peine avais-je eu  le temps d’intégrer les données importantes de sa phrase que je me retrouvai dans le couloir à réaliser que dans à peine deux heures je devais subir une… biopsie de la peau! Oh-mon-dieu, moi Anna Chérie, traumatisée des aiguilles je vais devoir me faire charcuter le bas du dos et je suis SEULE sans personne pour me tenir la main!!

Finalement, je ne me suis pas évanouie (Etonnant, n’est-ce pas!), je ne suis même pas partie en courant et j’ai même refusé qu’un ami prenne congé pour venir me tenir la main (oui quand je flippe, je partage par sms avec mes proches, c’est mon côté généreux!): j’ai décidé qu’à 28 ans je devais arrêter de faire l’enfant et affronter les dures réalités de la vie… enfin surtout des aiguilles! (D’autant plus que je rêve depuis 15 ans de me faire tatouer!) Du coup, j’ai enduré dignement, sans crier ni pleurer (enfin si un peu, mais il ne l’a pas vu) les divers traumatismes infligés par le docteur M: d’abord la piqûre d’anesthésiant (ça fait HYPER mal!), ensuite le découpage de ma chair (j’ai rien vu et rien senti donc c’était facile), tout le sang qui a coulé dans mon dos (quand je l’ai senti, je me suis retournée pour observer –> grave erreur) et même des points de suture!!! Et je suis repartie fière comme Artaban: j’avais supporté toutes ces épreuves (non je n’exagère pas) entièrement seule… du coup dans la foulée je m’offris un nouveau sac pour me féliciter!